Le saumon dans le Saison ... il y a longtemps !

"... Odon de Miossens reçut du roi d'Angleterre un mandatement daté du 13 juillet 1319, de Westminster, qui l'autorisait à faire augmenter le château de Mauléon et le moulin du roi.....

Raymond de Miossens lui succéda comme châtelain avant le 17 avril 1320 et souscrivit, à cette date, à une transaction intervenue entre les Souletins et les habitants du pays de Lannes (procès de Ste-Engrâce contre Lanne, msc). Il fut maintenu dans le gouvernement de la Soule jusqu'en 1348. La Soule payait autrefois aux rois de Navarre, pour le pain et le vin de leurs provisions, dix vaches appareillées marquées d'une tache blanche sur le front, et quatre saumons tous les deux ans. Les saumons pêchés dans le Saison (gave de Mauléon) étaient fort réputés dans les pays circonvoisins, et anciennement, les redevances de cette espèce étaient toujours exigées en nature. L'abbaye de Ste-Engrâce devait le tribut annuel d'un saumon au monastère de Leyre et, en 1435, il fut convenu, entre les deux chapitres, que l'église de Ste-Engrâce, qui ne pouvait plus donner ce saumon sans grand préjudice, payerait quatre florins d'or par an. On trouve encore trace de cette contribution vers la fin du même siècle: par lettre datée d'Olite en 1388-89, le roi de Navarre donne à Irside de Laxague, écuyer, des droits et rentes dans les terres de Soule avec dix vaches et quatre saumons que les Souletins lui doivent tous les deux ans (archives de Pampelune). Il s'agit des communautés de Ste-Engrâce, et Larrau pour la Soule. "


(Histoire du Pays de Soule, Jean-Louis Etchecopar-Etchart)

 

Vers 1900

A cette époque, on compte environ, dans le bassin de l'adour, 900 familles qui vivent du saumon, inscrits maritimes et pêcheurs en rivière. On évalue le nombre de prises à 10 000 /an à 400f /pièce en moyenne.
A cela s'ajoutent les retombées touristiques générées par les pêcheurs sportifs étrangers.

La disparition du saumon dans les bassins de la Seine et de la Garonne fait craindre pour les gaves alors que l'Adour et le Saison sont déjà abandonnés par ce poisson, le premier car trop asséché en amont par des irrigations, le second car barré à son confluent avec le gave par le barrage d'Osserain.

Des travaux d'aménagement et de protection porteront plus sur les gaves de Pau, d'Aspe et d'Ossau et le Saison sera négligé. Heureusement -pour le saumon tout au moins- ce barrage sera détruit par une crue en 1919.

( L'équipement piscicole du bassin de l'Adour par M.J.Larrieu)
(L'état des rivières en 1929 par M.Sabatier de Lachadenede)

 

De 1950 à nos jours
Le saumon n'a jamais disparu du Saison et il s'y est toujours reproduit au moins jusqu'au barrage de Charrite. Toutefois, sa migration plus en amont a été bloquée par l'aménagement des barrages hydroélectriques sur la seconde moitié du XXème siècle.

Les zones restées accessibles pour la reproduction ont permis à l'espèce de se maintenir à un niveau acceptable jusqu'au début des années 1970. Dès les années 60, plusieurs facteurs sont suspectés d'avoir contribué à la chute des stocks :
- découverte des zones de grossissement en mer (au large du Groenland), avec probablement pression de pêche trop importante en rivière et en mer,
- intensification de l'agriculture (pollutions diffuses) et de l'urbanisation (rejets domestiques) qui ont eu un impact sur la qualité des zones de reproduction aval restées accessibles (baisse du succès reproducteur).

Face à cette situation générale, en particulier la dégradation de la qualité des rivières, un plan de restauration national du saumon a été mis en place en 1976. Il portait essentiellement sur l'aménagement des obstacles à la migration (passes à poissons) et sur un programme d'alevinage. D'autres plans ont suivi, jusqu'à la mise en place de Comités de gestion des poissons migrateurs sur chaque bassin français en 1995 (COGEPOMI). ( Plan de gestion actuel ).
Il existe aussi un plan français de mise en oeuvre des préconisations internationales .
En 1984, les saumons étaient toujours bloqués en aval de Mauléon et l'équipement initial de tous les ouvrages sur le Saison a été achevé vers le milieu des années 90. Des améliorations sont toujours en cours. Les zones de reproduction vers l'amont ont été progressivement colonisées après ces aménagements, et le saumon se reproduit actuellement jusqu'à Laguinge (parfois jusqu'au village de Licq). Une frayère est d'ailleurs régulièrement utilisée au niveau d'Alos. Ces travaux ont été accompagnés par des alevinages jusqu'en 2003 ; le Saison ne fait plus aujourd'hui l'objet d'un plan d'alevinage.

(Merci à D.B. de l'association "Migradour" pour ces précisions)


Juste avant les turbines

Les alevinages sur le Saison

1995 Mauléon à Licq Saison 50800 tacons 0+
1996 Mauléon à Licq Saison 46260 tacons 0+
1997 Mauléon à Licq Saison 39100 tacons 0+
1999 Mauléon à Licq Saison 61400 tacons 0+
1998 Mauléon à Licq Saison 60000 tacons 0+
2000 Mauléon à Licq Saison 4400 tacons 0+
2001 Mauléon à Licq Saison 27060 tacons 0+
2002 Ossas à Licq Saison 19270 tacons 0+
2003 Ossas à Licq Saison 54630 tacons 0+

("Migradour")


Limite amont du parcours où la pêche du saumon est autorisée (Pont d'Ossas)
 

Trouvé, échoué à Licq en 2007

Pour les perspectives, on peut annoncer, avec la récupération de l'amont jusqu'à Laguinge, une nette amélioration depuis moins de 10 ans qui reste stable à ce jour (2009). Mais la situation du Saumon reste préoccupante car la qualité des zones de reproduction aval se dégrade toujours (ou du moins ne s'améliore pas) et l'évolution des conditions de survie en mer est incertaine.

( D.B. de l'association "Migradour" )
 

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