(Notes relevées lors de la visite de l'exposition sur les sources de Soule par l'association Ikerzaleak)

LA FONTAINE D'AHUSKI

Patrimoine du Pays de Soule. la fontaine est située sur le territoire de la commune d'Aussurucq à une vingtaine de kilomètres de Mauléon.

Elle jaillit à 1100 mètres d'altitude d'un petit escarpement rocheux, sur le versant est du Bohochortia dans un panorama montagneux splendide. Son débit n'est pas très important mais, de mémoirede Souletin, elle n'a jamais cessé de couler. Les différentes analyses qui ont été faites n'ont révélé aucune propriété thérapeutique spéciale. Et pourtant elle attire et soigne depuis des générations.

Un berger d'Alçay ayant commis un horrible méfait (pour l'époque) : celui d'avoir traqué et abattu un chevreuil dans les bois de son seigneur, celui-ci l'avait condamné à la peine de mort, ce qui, à cette époque, ne pouvait être que le terme de cruelles souffrances. La famille du berger intervint et demanda au seigneur de lui laisser décider du supplice à lui infliger ; elle suggéra celui de l'eau. Quoique très étonné d'une telle cruauté, le seigneur acquiesça. Vite, on alla remplir un fort tonnelet à la fontaine d'Ahusky. Le berger fut étendu sur le banc de torture du château, un grand entonnoir dans la bouche et, lentement, pinte après pinte, on lui fit ingurgiter tout le contenu du tonnelet ...mais, à la grande surprise du seigneur - et de ceux qui assistaient à ce spectacle -le patient évacuait sur le même rythme ... et, le tonnelet vidé, notre berger tout guilleret, se leva prestement du banc de torture, avec une bien béate figure. Le seigneur se signa, car il voyait là le jugement de Dieu... il gracia le berger et demanda d'où provenait cette eau miraculeuse.

En 1843, le syndic de Soule note que la fontaine est fréquentée par une foule nombreuse.
En 1817, Francisque Michel en parle dans " Les eaux thermales du Pays Basque" en la recommandant pour les maladies de la vessie.
En 1878, le docteur Paul Reclus d' Orthez écrit une plaquette "La Fontaine d'Ahuski" où sont relatées des guérisons notoires.
Il fait remarquer que " l'analyse des eaux d'Ahuski a donné des résultats à peu près négatifs. On n'y a découvert aucun principe spécial qui explique les bienfaits incontestables ".

LA CURE

Le docteur Reclus souligne la quantité impressionnante d'eau que l'on ingurgite lors d'une cure.
"On boit 3 fois par jour : à 7 heures le matin, puis de 10 à 11 heures et de 4 à 6 heures...
Les timides se contentent de 5 à 6 litres d'eau mais d'autres vont beaucoup plus loin... nous avons observé nombre de malades que 10 à 12 litres n'effrayaient pas "
D'après lui, l'eau soigne les gastrites, les dyspepsies, ainsi que la gravelle urique et les vieux catarrhes vésicaux.
D'illustres malades vinrent à Ahuski, dont le maréchal Harispe, survivant de l'épopée napoléonienne dans les années 1850 ; plus tard le photographe Nadar, etc....
En 1910, l'eau de la fontaine fut à nouveau analysée par le docteur Feuillet, chef de laboratoire à la faculté de médecine de Paris sans apporter d'indications nouvelles. Le docteur Mendy, dans les années 1970, dit qu'il s'agit d'une eau équivalente à l'eau d'Evian. C'est une eau limpide légère et froide (8°).

« Jadis mon professeur de théologie, devenu évêque par la suite, nous amusait en nous "révélant" que dans la Sainte Eglise il y avait trois sortes de chanoines : les dynamiques, les statiques et les ... prostatiques : Eh bien. si vous me demandiez dans quelle catégorie je me place moi-même, je vous dirais que je me sens encore assez "dynamique " que bientôt , sans doute, je deviendrai plus "statique" mais que je suis sûr de n'être jamais "prostatique " et ce, par la vertu de l'eau d'Ahusky ! »
Extrait de "Ahüsky" par Rouffet, Marrimpouey Jeune 64000 PAU (1977)

L'HABITAT

Le Mémorial des Pyrénées d'octobre 1851 ne "signalait autour de la précieuse source que des cabanes où les gens du pays logeaient à grand peine".
En juillet 1853, il annonce l'ouverture de maisons que Messieurs Justin d'Arroquain de Garindein et Jean Pierre Irigoyen de Mendy venaient de faire construire. Il s'agit de trois hôtels exploités par des gérants.
A partir de cette date, les curistes montèrent régulièrement pour se soigner. Il s'est même pratiqué une vente de bouteilles d'eau d'Ahuski à cette époque.
Le docteur Reclus écrit que "le registre des auberges indique que, pendant l'été 1877 , 431 personnes sont venues faire la cure, mais cela ne doit représenter qu'à peine la moitié des buveurs d'une saison".

L'HOTEL BELLEVUE 1852-1959

Bâti en 1852 il fut vendu en 1905 à Pierre Baratçabal de Camou qui lui donna ce nom et l'agrandit. Un petit
appentis servait même d'oratoire aux prêtres de passage.
Lorsque Pierre Baratçabal mourut, sa veuve, Chechili continua à tenir l'hôtel. En 1958, très malade, elle fut
transportée sur une civière de branchages par des gens d'Alçay jusqu'au village et ensuite on la mena à l'hôpital de Tardets où elle mourut le 8 février 1958. Ses dernières volontés furent "Des hommes ont pris beaucoup de peine pour moi! Qu'ils vendent mon âne et lorsque j'aurai disparu qu'ils fassent avec Monsieur le Curé un bon repas en souvenir de moi".
Durant l'hiver 1959 l'hôtel déjà chancelant, s'effondra. Il ne reste qu'un petit fronton et quelques sapins, derniers souvenirs de l'auberge de Chechili. A la place s'élève un chalet de style souletin.

 

L'HOTEL HARRIBIRIBILIA 1880-1945

Construit par Monsieur Etchebers de Saint-Jean-Pied-de-Port, il atteint la plénitude de sa renommée sous la gestion de Mademoiselle Jeanne Barbier.

Il se situait à peu près à la même altitude que la fontaine, ce qui facilitait les déplacements.
Il était ouvert du 15 juillet au 15 septembre et fréquenté par les curistes aisés et les "Américains" natifs du pays Basque et de retour d'outre -Atlantique fortune faite.

En 1945 il fut endommagé par un incendie et s'effondra.

ETCHE CHURIA

La seule maison qui existe encore sur le site fut construite en 1871. Utilisée un certain temps par l'administration des douanes pour contrôler l'importante contrebande venant d'Espagne (et même contrebande d'armes pendant les guerres carlistes), elle fut vendue en 1924 à Pierre Inchauspé restaurateur à Aussurucq et relais où l'on trouvait guides et mulets pour se rendre à Ahuski.

Ce sera une auberge réputée grâce à la cuisine de Jeanne Inchauspé. En 1944 elle devient la propriété de leurs neveux Monsieur et Madame Etchebarne. Les routes ont remplacé les sentiers muletiers. Etche Churia devenue trop exiguë pour les curistes de plus en plus nombreux, les Etchebarne décidèrent de construire en 1971 un hôtel plus Important et plus moderne qui se dresse dans le paysage somptueux d'Ahuski.

De juin à novembre, que ce soit pour l'eau, la randonnée, la chasse, le succès de cette auberge ne se dément pas.

Voir les 11 cartes postales d'Ahuski +++++ Une petite randonnée qui passe par la fontaine

 

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