La pêche au toc

 

Lorsque, il y a une trentaine d'années, j'ai découvert le gave, je me suis trouvé, moi, pêcheur normand, habitué à mes rivières "de plaine", confronté à pas mal de problèmes. Un pêcheur au lancer ou un moucheur s'adapteront plus ou moins vite mais pour pêcher au toc, on risque de tâtonner plus longtemps.La gentillesse des collègues rencontrés sur les galets et pas mal d'heures les pieds dans l'eau m'ont permis de m'adapter à ces eaux rapides.

Voici donc quelques conseils pour les non initiés, étant bien entendu qu'à la pêche, il n'y a pas de vérité absolue et qu'on apprend tous les jours !

Comme c'est le choix de l'esche qui détermine le matériel à utiliser, commençons par le commencement :

 

Les esches :
Universel : le ver, mais pas le gros lombric. Le meilleur est le ver de berge, rose, assez dur, qui résiste mieux au courant. A défaut, j'utilise le ver de compost, que je laisse plusieurs jours dans de la mousse et du marc de café. Il en faut une bonne provision, surtout pour les ruisseaux, car les vairons ont vite fait de le couper. Attention aussi aux tocans qui certains jours ont un appétit féroce. L'hameçon doit être entièrement recouvert.
eschage des asticots Traditionnel : l'asticot. Soyons clairs, il n'est pas meilleur qu'une autre larve mais, facile à produire en quantités, il permettait l'appâtage (interdit et sévèrement réprimé). Cependant, il garde des avantages: il résiste assez bien au courant, au frottement sur les pierres, voire à la gueule des vairons. On peut le changer souvent, gardant ainsi toujours un appât vivant. Et enfin, dans le bac du frigo, il se conserve très longtemps. Enfilez le premier par la tête, ressortez la pointe et l'ardillon par le gros bout, piquez légèrement un deuxième par le gros bout puis faites glisser le premier afin qu'il recouvre la palette. Il ne doit pas éclater...Changez-les souvent.
La teigne : très bonne esche mais fragile et de conservation délicate. A éliminer si les vairons sont là ! Enfilez-la par l'arrière et ressortez la pointe sous la tête.
Je n'ai cité que les trois classiques. Vous pourrez aussi utiliser des porte-bois, des barboles (fragiles), des sauterelles, les mouches noires de votre sac d'asticots...

 

Les hameçons :
Adaptés à la taille de l'esche, bien sûr, et très piquants. Vérifier la pointe sur l'ongle et ne pas hésiter à changer. Moi, je les achète par boîtes de 50. On prendra du 14 pour l'asticot, 12 pour la teigne, 8 ou 6 pour le ver...

montage pyrénéen 1

extrémité du fil côté palette, jeter 3 demi-clés sur la hampe

montage pyrénéen 2

avec la partie côté ligne, faire deux demi-clés enfermant la hampe et l'extrémité précédente

montage pyrénéen 3

serrer et faire glisser la ligature vers la palette ; un petit ergot de fil peut être laissé pour bloquer le ver

 

Les plombs :
plombages Mous de préférence, numéro 6 ou 7. Je plombe un peu plus en début de saison... mais on modifie en cours de pêche, suivant le fond, le courant...J'utilise une plombée plus étalée pour les zones calmes (schéma de gauche) et je descends et regroupe les plombs dans les courants rapides. Le plomb "de cassure" en bas peut être plus petit... si on veut fignoler !

 

Le fil :
Pour le bas de ligne, 14/100 par eaux un peu troubles, 12 voire 10 par eaux claires. Pour la ligne, il faut un fil qui offre le moins possible de résistance au lancer de deux asticots et de trois plombs de 7 ! Je prends du 16/100 en fil qui n'a pas trop de mémoire et je n'hésite pas à en sacrifier quelques mètres lorsque la glisse devient mauvaise. Attention, ne laissez pas le courant tirer en bout de coulée, vous allez vriller terriblement ! Deux rigolettos (petites boules de polystyrène) un rouge et un jaune, enfilés sur la ligne permettent de suivre son déplacement.

 

Le moulinet :
Au choix, simple ou à lancer , mais surtout, léger et sans trop de trucs qui dépassent et qui attrapent le fil après avoir attrapé le client ! Vérifier le galet ou l'orifice de sortie du fil qui s'usent assez vite.

 

La canne :
Son rôle principal sera de propulser loin un appât léger et assez fragile. Elle devra aussi permettre un ferrage très rapide...Deux types de cannes sont utilisés:

Cannesà fil intérieur :

Cannes "à l'anglaise" :

-avantages : bonne action au ferrage, mais surtout pas d'anneaux qui peuvent accrocher la bannière détendue, moins de risques de perruques en cas de vent ou de ferrage raté.

-inconvénients : si l'humidité pénètre dans le scion, la glisse devient impossible. Pluie, brouillard, maladresse ou chute et il devient difficile de pêcher, parfois pour plusieurs jours. Nécessité, en cas de casse au moulinet, de sortir l'aiguille pour enfiler la ligne dans les différents brins.

-avantages : bonne action au lancer, excellente glisse, même par temps humide (à condition quand même d'essuyer de temps en temps)

-inconvénients : lorsque la bannière est détendue, elle passe facilement autour du scion et reste coincée par un anneau, nécessité de tourner la canne pour retrouver le coulissement normal du fil. Si un ferrage un peu sec dans le vide envoie le bas de ligne dans les anneaux, c'est la perruque garantie !

 

Les techniques :
  • en montant : la truite regardant en principe vers l'amont, il est logique de pêcher en remontant la rivière. Régler les rigolettos pour qu'ils soient un peu au-dessus de l'eau (ce ne sont pas des flotteurs !). Lancer en amont et soutenir la ligne qui doit rester tendue, les plombs frôlant les galets. La touche se traduit par un déplacement latéral, un arrêt de la ligne révélé par les rigolettos. Au ver, on peut rendre légèrement la main, à la teigne ou à l'asticot, le ferrage est immédiat.
  • en descendant : (pêche des grandes plages, à l'asticot) Tirer une brassée de fil et lancer légèrement en amont; relever la canne pour soutenir la ligne, le scion anticipant un peu l'avance des rigolettos ; baisser la canne pour allonger la coulée, surtout ne pas laisser le courant tirer sur la ligne (vrillage). Tirer une nouvelle brassée et relancer plus au large... Reprendre un peu de fil au moulinet, descendre de quelques pas et recommencer. La touche est parfois très discrète. Ferrage immédiat.
  • Dans cette pêche dite "au toc", si vous attendez le "toc" pour ferrer, ce sera dans le vide une fois sur quatre !
  • Si vous ferrez au bon moment, la truite est piquée par le bord de la gueule. Peu abimée, il est possible de la relâcher sans dommage.

 

Quelques astuces :
  • pour tirer une plus grande longueur de fil en une seule brassée, saisir le fil, non pas à la sortie du moulinet, mais entre le premier et le deuxième anneau.
  • pour bloquer les rigolettos sur le fil, quelques épines d'aubépine, coniques, font mieux que les brins de plastique livrés avec les indicateurs.
  • si les asticots s'enfilent mal, envoyez quelques "postillons" dessus avant de les enfiler ; mais n'hésitez pas à changer d'hameçon si vous éclatez les larves !
  • une truite ratée ? n'insistez pas, changez systématiquement l'appât : ver mieux enfilé, autre teigne, deux asticots bien frétillants, voire un seul...

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