Txerrero, Gathuzain, Kantiniersa |
LA DANSE
Au regard des danses populaires, dites "sauts
basques", communes à l'ensemble du pays, la Soule
possède sa particularité dans la danse dite "savante".
D'un niveau exceptionnel dans les traditions populaires, elle
est basée sur des mouvements appelés "points
de principe", importés récemment et qui semblent
rattachés à un état ancien du ballet français... |
Si les sauts relèvent de la tradition ancienne,
les points de principe ont été enseignés
par les maîtres à danser de l'armée qui, de
retour au pays, répandaient leur savoir localement. |
Les recrues du Pays Basque
possédaient ainsi un savoir-faire suffisant pour accéder
au niveau de maître à danser de cette danse exigeante
en précision, finesse et technique.
Les pratiques pastorales permettaient ensuite
l'apprentissage de la danse, passe-temps favori des bergers,
par le croisement de gens de villages différents et par
l'émulation entre eux, qui générait sans
cesse des apports de nouveaux points.
La danse souletine trouve sa place au sein
des mascarades et pastorales ou lors de rencontres festives.
Assimilée par toute la jeunesse (pratiquement un groupe
par village), elle est un élément de la culture
populaire. |
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Les danseurs de Tardets, au fronton d'Abense,
18 août 2005 |
Entseñaria, Küküleroak, Zamalzain |
LA MASCARADE
Entre carnaval et théâtre de
rue, la mascarade souletine a inventé son propre genre.
Les Souletins ont appelé "Zotal egünak"
(jours fous) la période du 26 décembre au 6 janvier.
Pour les Anciens, il s'agissait de faire coïncider les calendriers
lunaire et solaire. Les Basques, qui ont une notion très
élastique du temps, ont bâti leur calendrier sur
des observations lunaires ; or, l'année lunaire compte
354 jours contre 365 pour le calendrier solaire ou chrétien.
Entre les deux, il y a donc un décalage de 12 jours...une
occasion pour célébrer un grand nombre de rites
et de pratiques. |
La mascarade, c'est un grand jeu soumis à une règle
librement consentie, ayant pour cadre la jeunesse d'un village et
pour protagoniste toute la population d'un autre village. C'est
avant tout une équipe de très bons danseurs qui se
sont entraînés des années durant, en bénéficiant
des conseils des Anciens, gardiens de la mémoire et de la
tradition. Ce spectacle, préparé par un village différent
chaque année, est donné dans les villages voisins...
mais le prêche de Kabana est évidemment adapté
aux personnalités et évènements locaux ! |
Les personnages de la fête
se répartissent en deux mondes qui jouent une partition sur
des registres aux antipodes l'un de l'autre :
- les danseurs virtuoses, aux costumes flamboyants, reflètent
la grâce personnifiée et l'ordre établi. Associés
aux corporations des métiers "nobles", écuyers,
maréchal-ferrant, paysans, et aux notables accompagnés
de leurs dames, ils forment la mascarade rouge.
- à leur côté, des acteurs hirsutes, sales,
grossiers, bouffons, parfois violents : bohémiens, kauterak
(chaudronniers), xorrotxak (rémouleurs), hongreurs, animent
la mascarade noire. |
Xorrotxak |
Les
deux facettes de la société se côtoient l'espace
d'une journée sur une même place. C'est aussi l'occasion
pour un village de pouvoir défier ses semblables.
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Buhameak
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LA BARRICADE. Tour à tour, se mêlent
les barricades, des danses, des saynètes, des discours clamés
(en Basque, bien sûr).
Le matin, la mascarade débute par des barricades. Autrefois
constituées de véritables obstacles à franchir,
elles sont aujourd'hui simulées par des bouteilles à
même la route, autour desquelles s'agitent les danseurs.
En tête du cortège, les danseurs de la mascarade rouge
ouvrent le pas. Sauts, danses très sophistiquées,
exigeant technique et endurance, chants lancés à pleins
poumons, et libations sont au menu de chaque barricade. De somptueux
plateaux de beignets, oreillettes, crèpes, attendent les
acteurs. |
On reconnaît le "Txerrero" (gardien
de troupeau de porcs), portant des clochettes de vache à
la ceinture, qui ouvre la route à l'aide de son balai à
queue-de-chaval, suivi du "Gathüsain" (homme-chat),
manipulant une sorte de ciseau", puis "kantiniersa"
(la cantinière), rôle tenu autrefois par une bohémienne,
"Zamalzain"
(homme-cheval), et l'"Ensenari"
(porte-drapeau). Suivent "jauna
eta anderea" (le monsieur et la dame), jauna étant
le responsable du bon déroulement de la mascarade, puis "laborari
eta laborarisa" (les agriculteurs), "marexalak" (les
maréchaux-ferrants) et "kükülleroak".
"Kerestuak" (les hongreurs) sont parfois chez les rouges,
parfois chez les noirs; ils doivent castrer le cheval.
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A leur tour, les "beltzak" (noirs),
chaudronniers et bohémiens à la figure barbouillée
de charbon, prennent d'assaut la barricade. Ce sont d'abord "xorrotxoak"
qui se déplacent en chantant pour critiquer les acteurs qui
les ont précédés. Puis, les "buhemeak"
(bohémiens) guidés par leur chef élu, Basagaitz,
brandissent des sabres de bois et se ruent en vociférant
des "ouhaaa!" Tout s'achève dans une mêlée
confuse, digne du jeu de Soule.
Vers la fin de la matinée, le cortège finit sa course
sur le fronton du village qui l'accueille, puis chez l'habitant
pour un repas haut en couleur...La loi de l'invitation répond
à un code aussi subtil qu'immuable : un des chefs s'assoira
à la table d'un élu, un acteur ira chez un hôte
qui a tenu le même rôle que lui des années avant... |
Marexalak, Kerestuak |
Kauterak
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LE SPECTACLE. Après un repas plus que
copieux, un à un, les acteurs un peu étourdis sont
transportés sur la place pour l'ultime représentation
où s'enchaînent danses muettes et longues palabres
en basque de "Kabana", déballant des satires et
des propos obscènes envers les notables, pendant que les
chaudronniers réparent bruyamment le chaudron de Jauna.
Pitxu est le kauter le plus habile et farceur, surtout quand les
hongreurs et rémouleurs l'appellent à l'aide après
avoir mis leurs aides à la porte.
Louanges et blâmes sont distribués gratuitement; le
sermon de "Kabana" est truffé d'allusions, éléments
d'une évidente culture de connivence villageoise qui provoquent
le rire de l'assistance avertie. La satire et le déballage
sur la place publique des petits secrets de la société
sont un des rites les mieux conservés et les plus répandus
des mascarades. |
Encore une danse, le "branle",
danse en rond dans laquelle la mascarade va chercher des jeunes
filles dans le public.
L'après-midi se termine par l'éternelle scène
de la mort de "Pitxu" (apprenti chaudronnier), souffre-douleur
qui périt au cours d'une des échauffourées.
Après une suite d'opérations
burlesques, Pitxu revient à la vie. |
Jauna, Anderia ; Laborari, Laborarisa ; Medezia
C'est en marchant à ses côtés
que vous découvrirez la mascarade, par un frais matin d'hiver,
dans son monde tintant de grelots, de vacarme et gesticulations, au
rythme infatigable de la "txülüla"
(flûte basque à trois trous) et du "ttun-ttun".
Quelques photos de
la mascarade d'Ordiarp à Alos (22/01/2006)
Photos de la mascarade
d'Alos-Tardets à Tardets(13/01/2008) et à Alos-Sibas-Abense(30/03/2008)
Mascarade de Barcus à Tardets le 8/2/09
Mascarade de Larrau à Alos-Sibas-Abense, le 4 avril 2010
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LA PASTORALE
Apparu à la fin du XVe
siècle, ce théâtre de plein air était encore
représenté, à la fin du XVIIIe , dans une large part
de l'Europe. Par quel miracle la Soule a-t-elle conservé si fidèlement
ces représentations hautes en couleur?
Le rôle fédérateur
au sein de chacun des villages, le lien social qu'elle génère
et renouvelle sans cesse, contribuent au regain d'intérêt
que lui portent les Souletins.
Depuis trente ans, on assiste
à un véritable renouveau de ce mode théâtral
en langue basque, avec des créations nouvelles chaque année,
tant au niveau des pièces, des chants, des danses, des musiques,
de la poésie...
Mobilisant tous les habitants
du village durant toute une saison, drainant un public toujours plus large,
la pastorale réussit ce miracle chaque fois répété
depuis la nuit des temps, de la transmission d'une culture véritablement
populaire : conservée et jouée pour et par le peuple, conservée
et transmise par lui.
Les Souletins sont conscients
d'être les derniers maillons de la préservation de ce mode
théâtral ayant connu ses heures de gloire en Irlande, Grèce,
Yougoslavie, Bretagne, Béarn... Véritable expression artistique
collective et individuelle, création d'un auteur, d'un metteur
en scène, d'une troupe d'amateurs, chaque pastorale est composée
d'un rituel scénique : déclamation, déplacements
sur scène et toute une expression artistique.
Une mobilisation de plusieurs
mois pour un projet commun et deux représentations seulement, sur
une scène très sobre, installée dans une prairie
ou sur un fronton...
Et le miracle se renouvelle chaque fois.
Affiche choisie
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La Commune d'Alos-Sibas-Abense prépare
la pastorale de 2009 (26/7 et 2/8).
Juillet 2007: réunion publique et création
d'une association (1901) dont le nom sera "Hiruak" ("Les
Trois" pour les trois villages réunis)
Août 2007: déclaration de création de l'Association
"Hiruak" ("Les trois" pour les trois villages)
Novembre 2007 : réunion du CA pour présentation
de trois projets de "scénarios" par leurs auteurs.
Décembre 2007 : choix de l'un des projets |
2008 : réunions pour recherche et choix de terrain, salle
de répétitions...
Décembre 2008 : le terrain est choisi, la salle est trouvée
...
2009 : Répétitions, réunions d'organisation
et de travail : costumes, communication, terrain, gradins, parking...
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Affiches sélectionnées |
Affiches sélectionnées |
Quelques photos
d'avant
Quelques
photos de la pastorale du 26/7
Pastorale du
2 août
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Personnages de la Mythologie
et quelques légendes
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